La science - dissertations de philosophie
- L’expérience n’est-elle qu’empirique ?
- Apprendre est-ce seulement s'informer ?
- À quoi servent les sciences ?
- Comment les notions mathématiques dépendant de l'esprit peuvent-elles expliquer un réel qui n'en dépend pas ?
- D'où vient la force des préjugés ?
- En quoi consiste l'objectivité scientifique ?
- Est-ce le recours à l'expérience qui garantit le caractère scientifique d'une théorie ?
- Est-ce leur confirmation expérimentale qui fait le succès des sciences humaines ?
- Faut-il croire pour savoir ?
- La connaissance de soi comporte-t-elle des obstacles ?
- La philosophie a-t-elle encore une place dans un monde surtout dominé par la science ?
- La science découvre-t-elle ou construit-elle ses objets ?
- La science et la technique nous autorisent-elles à considérer notre civilisation comme supérieure aux autres ?
- La science ne fournit-elle que des certitudes ?
- La science se limite-t-elle à constater les faits ?
Quelle orientation choisir ? Quels types de métiers, d’activités, d’environnements sont faits pour moi ? Au lycée, il est parfois difficile de faire les bons choix d’avenir. Phosphore propose un coaching personnalisé complet pour trouver sa voie.
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Corrigés Bac Philosophie – série L
Sujet de dissertation n°1 philo – bac l.
SUJET n°1 : La science se limite-t-elle à constater les faits ?
Une opinion courante consiste à affirmer que la science se donnerait pour tâche de constater les faits, de décrire ce qui est. Or cette affirmation rencontre trois obstacles : l’unité de la science fait problème, la science semble au contraire établir des lois et non des faits, quel sens peut bien avoir un « fait » mathématiques, logiques ou préhistorique ? A partir de ces trois difficultés il s’agit d’interroger le présupposé empiriste de la science naïve, à la lumière de la pluralité des sciences mais aussi des avancées des sciences contemporaines.
I Une opinion naïve il semble que la science se limite-t-elle à constater les faits I.1 Savoir = décrire ce qui est, c’est-à-dire les faits sensibles. L’opinion affirme « c’est vrai parce que c’est réel » . Or la science vise l’universel et l’établissement de lois
I.2 On appelle empiriste cette position selon laquelle l’ensemble de nos connaissances du monde physique seraient dérivées de l’expérience. Ainsi pour Hume, les lois, anticipations et concepts scientifiquement dérivent toute entière de l’expérience sensible et de l’habitude. Ainsi la science serait inductive (elle remonterait des phénomènes jusqu’aux lois générales). Plus grand serait e nombre des observations plus générales et sûres seraient les lois.
I.3 Or cette idée ne résiste pas à l’épreuve de l’histoire et de la pratque de la science pour au moins trois raisons décrites Chalmers dans Qu’est-ce que la science ?. – D’un point de vue logique : dans une inférence inductive, la vérité des prémisses ne garantit pas la vérité de la conclusion. C’est l’exemple fameux de la dinde inductiviste de Russell qui par raisonnement inductif, affirme : » je suis toujours nourrie à 9h00 du matin « . Or, cette conclusion se révéla fausse quand, un jour de noël, à la même heure, on lui tordit le cou. – le choix (et la sélection) des données ne sont pas déterminés par le principe d’accumulation mais au contraire de cas limites. – Observer sans théorie conduit à une observation aveugle.
II La révolution copernicienne II.1 Kant qualifie de « révolution copernicienne » la révolution opérée par les scientifiques de la Renaissance pour lesquels il s’agissait d’acquérir une connaissance par un acte prémédité, orienté et mathématisant de l’esprit. Par exemple la loi de la chute des corps est établie par Galilée non par l’observation de corps en chute libre dans l’air mais dans un espace vide, sans frottement dont il n’a pu faire l’expérience. L’expérience de pensée et la primauté de la théorie sur la constatation devient le principe de la science moderne, c’est-à-dire hypothético-déductive.
II.2 Il s’agit dès lors de tourner le dos au fait pittoresque pour construire le fait scientifique. -> Bachelard : « L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique toute connaissance est une réponse a une question. S’il n’y a pas eu de question il ne peut pas avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit. » Le lieu par excellence de l’observation scientifique n’est donc plus la nature mais le laboratoire où sont interogés, provoqués, délimités, définis les faits. Fait scientifique = fait expérimental et polémique.
II.3 De plus la science inclut les sciences pures (logique, mathématiques, géométrie, algèbre) d’une part, qui ne rencontrent les faits physiques qu’à la marge, et les sciences humaines (histoire, économie, sociologie, etc) dont les faits doivent être interprétés parce qu’il sont le fruits de l’action d’un agent libre et rationnel, sans quoi ils n’ont pas de sens. Or on ne constate pas une liberté ni une raison.
III La sicence contemporaine invente les faits (techno-science) III.1 Découverte différe de l’invention -> pas seulement machines mais matière et vivant sont produits par la science contemporaine. Matière organique de synthèse, OGM, etc ne sont pas constaté mais produits par la science.
III.2 Coeur de la révolution scientifique issu de la renaissance est un projet de maîtrise de la nature. cf Descartes : « Se rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » (Discours de la méthode). C’est ce mouvement de domination de la nature que Heidegger qualifie d' »arraisonnement de la nature » . Selon le philosophe allemand,l’essence de la techno-science est une soumission à la raison par le moyen « d’une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite et accumulée. » -> pouvoir démiurgique de l’homme qui crée la nature et la transforme à volonté.
III.3 Problème de la science porte bien sur son incapacité à se « limiter ». Comme le montre Hans Jonas dans Le principe responsabilité cette maîtrise de la nature a elle-même besoin d’être maîtrisée , et il n’est pas dit que l’homme en soit pour l’instant capable..
Sujet de dissertation n°2 philo – bac L
SUJET n°2 :Le langage n’est-il qu’un outil ?
Le terme « outil » désigne « un objet fabriqué qui sert à agir sur la matière, à faire un travail » (cf Petit Robert). On se heurte ainsi à trois difficultés lorsqu’il s’agit de qualifier le langage d’outil. Premièrement parce que le langage n’est pas en lui-même un objet même s’il doit passer par une médiation matérielle (son, mains pour le langage des sourds et muets, papier, etc) pour être mis en œuvre, et qu’il se présente parfois sous la forme d’objets qui lui servent de support (papyrus, pierre, livre, etc). Deuxièmement parce qu’il ne semble pas viser à agir sur la matière, la nature ou les objets physiques. Enfin parce qu’il ne semble pas être fabriqué mais lié à la nature humaine de telle façon qu’il nous est aussi naturel de parler que de marcher. Pourtant il paraît nécessaire de remettre en question ce préjugé à la lumière des découvertes tant de l’histoire, de la paléontologie ou de la linguistique qui mettent en évidence le fait que le langage a bien été créé en vue de satisfaire différentes utilités. Plus précisément il s’agit d’interroger le fait que le langage soit un moyen et non une fin, c’est-à-dire d’interroger la nature du langage. Moyen en vue de quoi? Ainsi il s’agit aussi d’interroger les finalités du langage. © Et enfin la valeur de l’outil étant son efficacité, son utilité, il s’agit d’interroger la valeur du langage. Pour ce faire nous défendrons l’idée que malgré les éléments favorables à l’idée que le langage soit la grande œuvre de l’homme il n’en reste pas moins un outil incarnant trois paradoxes fascinants.
I Paradoxe de l’outil immatériel I.1 Selon le sens commun l’outil est matériel, physique, palpable. Et c’est pour cette raison qu’il aurait la puissance de produire des effets sur la matière. Or c’est supposer l’inutilité du monde de l’esprit. Et pire encore c’est oublier que les hommes vivent toujours dans un monde de représentations et jamais, comme le croit la conscience naïve, dans un monde immédiat de pure matière, de choses brutes, insignifiantes. Et ce monde de représentations © est constitué de langage. Le langage est le liquide amniotique de l’esprit humain. Le cas de Victor de l’Aveyron, l’enfant sauvage, montre ce que serait un monde réduit à la pure instrumentalité vitale. Ce ne serait pas un monde humain.
I.2 Le langage est donc un outil d’immersion, de transmission et de sauvegarde de cette réalité qui fait, qu’à une époque donné, dans une civilisation donnée ou même dans une communauté donnée, nous vivons dans le même monde. C’est ce qu’on appelle la culture dont l’éducation est le processus d’intégration. Kant montre ainsi dans son Traité de pédagogie comment le petit homme accède à l’humanité (c’est-à-dire l’universalité de la raison) par le biais de la discipline (langage autoritaire du respect des lois) et de l’instruction (langage de la transmission du savoir acquis).
I.3 En ce sens le langage est avant toute chose un outil fondamental d’humanisation. cf Kant : « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne; et grâce à l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, ie, un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses ». Dire « je » = accéder à la conscience de soi. Ce qui suppose un moment négatif : l’interdit (cf Claude Lévi-Strauss montrant que la prohibition de l’inceste est le fondement universel de l’humanité) et un moment positif dont l’espace public , politique , de débat est la réalisation, comme le montre Hannah Arendt : « Le monde n’est pas humain pour avoir été fait par des hommes, et il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue. Quelque intensément que les choses du monde nous affectent, quelque profondément qu’elles puissent nous émouvoir et nous stimuler, elles ne deviennent humaines pour nous qu’au moment où nous pouvons en débattre avec nos semblables. Tout ce qui ne peut devenir objet de dialogue peut bien être sublime, horrible ou mystérieux, voire trouver voix humaine à travers laquelle résonner dans le monde, mais ce n’est pas vraiment humain. Nous humanisons ce qui se passe dans le monde et en nous en en parlant, et, dans ce parler, nous apprenons à être humains »(Vies politiques)
Pourtant, dire que le langage est bien un outil, malgré son immatérialité, ne suffit pas. Il s’agit de décrire un deuxième paradoxe, celui d’être face à un outil dont les finalités apparaissent multiples et en devenir.
II Paradoxe du langage comme outil dont les finalités sont perpétuellement à créer et recréer II.1 La formulation du sujet suppose l’opposition moyen/fin qui recouvre celle outil/œuvre. Et en un sens le langage est bien une œuvre. L’œuvre de l’homme, que l’on peut contempler , comme une œuvre d’art, et apprécier les qualités esthétiques (langue chantante, expressive, riche, la calligraphie, etc), © que l’on peut étudier pour elle-même (linguistique, grammaire, philologie, etc) et que l’on peut même vénérer (la parole sacrée). Mais langue différe du langage dont il est question ici. Le langage désigne la faculté humaine de s’exprimer par un code articulé et abstrait. Et en ce sens il vise toujours quelque chose au-delà de lui-même, à savoir un sens . C’est au nom de cette extériorité à lui-même qu’il est bien un outil. Mais comme le monde humain crée de nouvelles signification, la langage doit lui-même, sans cesse, s’ouvrir sur de nouvelles fonctions.
II.2 On peut en établir une rapide typologie permettant de prendre la mesure de la richesse des fonctions, des utilités de l’outil linguistique : communiquer (cf langage des abeilles analysées par Benvéniste), penser (cf Hegel : « Nous n’avons donc conscience de nos pensées, nous n’avons des pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité, et que par suite nous les marquons de la forme externe, mais d’une forme qui contient aussi le caractère de l’activité interne la plus haute. C’est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l’externe et l’interne sont si intimement unis », ce qui suppose l’invention de concepts, les règles de logique, l’analogie, la mémoire, etc comme le montre Hegel) et la création dont la poésie est la forme exemplaire.
II.3 Au cœur de l’outil du langage réside la fonction symbolique -> Benvéniste : « le langage représente la forme la plus haute d’une faculté qui est inhérente à la condition humaine, la faculté de symboliser. Entendons par là, très largement, la faculté de représenter le réel par un « signe » et de comprendre le « signe » comme représentant le réel, donc d’établir un rapport de « signification » entre quelque chose et quelque chose d’autre. » Grâce à cet outil intellectuel où signifié et signifiant sont totalement libres, conventionnel et arbitraire le signe linguistique est mobile, extrêmement plastique et facile à conserver et transmettre.
Enfin le dernier paradoxe est lié à la valeur de l’outil du langage, est-il « un » outil, c’est-à-dire un outil parmi les autres ? ou bien davantage.
III Le paradoxe de l’outil des outils III.1 Valeur traditionnelle des outils est la liberté qu’il procure, cf Descartes, Discours de la méthode. Se « rendre comme maîtres et possesseurs de la nature » c’est gagner en indépendance par rapport aux contraintes naturelles (anticiper les phénomènes), gagner en puissance (technique), affronter la souffrance (médecine) et la peur de la mort. Mais appliqué au langage cette utilité (vitale) s’avère réductrice et voile la réalité, comme le notent Bergson ou Nietzsche. C’est pourquoi on ne peut sortir du langage et qu’en même temps il s’agit de ne pas réduire la fonction du langage à l’utilité pratique.
III.2 En effet le langage = outil d’émancipation par excellence. Cf Rousseau, Discours sur l »inégalité : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile » -> maîtrise du langage = pouvoir politique, moral, historique. De plus, comme le montrent Austin et les philosophes du langage ordinaire, l’une des modalités du langage est la performativité par laquelle le langage accomplit des actions : demander, convaincre, ordonner, jurer, prier, etc. (cf pouvoir rhétorique des sophistes).
III.3 Ainsi le langage apparaît comme l’outil fondamental de la société des hommes libres (« règne des fins » de Kant). Comme dans le célèbre tableau l’école d’Athènes de Raphaël par le langage sont instaurés, en même temps que le savoir, l’égalité de droit, la transmission d’un monde, l’importance du livre, le choix de la raison, contre la force, l’argument d’autorité, la tradition ou la croyance.© Ce qui suppose le droit à en disposer et manifeste le fait que l’outil du langage est traversé de part en part par le politique : liberté d’expression, presse indépendante, école obligatoire, etc.
Conclusion : langage = outil, outil multiforme et en devenir comme un formidable couteau suisse intellectuel, et outil des outils.
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Recueils des sujets de philo du bac
Avec l’entrée en vigueur d’un nouveau programme de philosophie (B.O spécial n°8 du 25/07/2019), il a semblé opportun de refondre les recueils classifiant les sujets donnés au baccalauréat ou prévus pour les sessions de remplacement depuis 1996. Ces recueils sont donc désormais adaptés au nouveau programme, et complétés avec les sujets allant de 2013 à 2024.
En comptant la session 2024 du baccalauréat :
- le recueil des sujets de dissertation donnés au baccalauréat compte 2334 sujets ;
- le recueil des sujets d'explication de texte donnés au baccalauréat compte 1162 textes.
- Recueil des sujets de dissertation de l'épreuve de philosophie au baccalauréat de 1996 à 2024 2.44 Mo
- Recueil des sujets d’explication de texte de l’épreuve de philosophie au baccalauréat de 1996 à 2024 7.84 Mo
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La science : introduction
Par thibaut10 • 17 Février 2022 • Dissertation • 330 Mots (2 Pages) • 3 424 Vues
Le mot science vient du latin « scientia » qui signifie « connaissance », mot ayant pour origine le verbe latin « de scire » , « le savoir ». La science se définit comme un ensemble de disciplines relatives à certaines catégories d’objets ou de phénomènes obéissant à des lois vérifiées par les méthodes expérimentales. Elle matérialise ainsi le désir de connaissance de l’Homme. Aristote dit d’ailleurs dans la « Métaphysique » qu’elle est « la modalité supérieur de la connaissance », ce qui explique qu’elle soit si convoitée par les hommes qui cherchent à tout savoir et expliquer dans le monde qui les entoure. Il s’agit d’un ensemble de connaissances justifiées et d’une parfaite connaissance des causes et des liens de causalités.Elle n’est pas limitée mais s’étend à la transmission d’une méthode de pensée. Cependant, nous pouvons nous demander, la science permet-elle d’atteindre la vérité?
En science, il y a les sciences exactes, qui utilisent les calculs et l’expérimentation, par opposition aux sciences sociales et humaines, disciplines ayant pour objet l’ Homme et ses comportements individuels et collectifs.Chacune a ainsi sa méthode pour tenter d’atteindre la vérité.La vérité se définit comme une adéquation entre la pensée et la réalité.Elle est donc une expérience qui se veut subjective. Peut-on atteindre la vérité par le biais de la science? Quels liens existent entre la science et la vérité?
Pour répondre à la question précédente, nous étudierons dans un premier temps dans quelle mesure la science permet d’atteindre la vérité puis dans un second temps, nous verrons que cette vérité présente d’importantes limites d’accès et qu’elle ne se peut donc absolue.Enfin, nous réaliserons une synthèse précisant certains points de notre argumentation.
la science permet d’atteindre la vérité
l’objectif de la science
On admet habituellement que les thèses scientifiques sont vraies. Ainsi, la vérité serait le miroir de la réalité.Cependant, si ces thèses scientifiques sont énoncées comme vraies, peut-on pour autant les considérer comme définitives et incontestables ? On sait que sciences et philosophie , à l’origine
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- Les sujets corrigés complets du bac philo 2024 voies générale et technologique
Publié le 06/18/2024 à 9:30 AM , mis à jour le 06/18/2024 à 3:39 PM
Ce mardi 18 juin 2024, plus de 500.000 candidats planchent sur l' épreuve de philosophie du bac . L'épreuve dure quatre heures et se termine à midi. Les candidats pouvaient composer au choix sur deux sujets de dissertation et un commentaire de texte. Les candidats ont eu trois sujets au choix : un sujet de dissertation sur la science et la vérité, un deuxième sujet de dissertation sur l’État, et enfin un commentaire de texte à partir d’un texte de la philosophe Simone Weil (à ne pas confondre avec l’ancienne ministre Simone Veil). Ces sujets ont été corrigés par Aïda N'Diaye et Olivier Dhilly, professeurs de philosophie.
Les sujets du bac de philo 2024 pour la voie générale en bref :
Sujet de dissertation 1 : La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
Sujet de dissertation 2 : L'État nous doit-il quelque chose ?
Le commentaire de texte : Simone WEIL, La Condition ouvrière (1943)
Toute action humaine exige un mobile1 qui fournisse l'énergie nécessaire pour l'accomplir, et elle est bonne ou mauvaise selon que le mobile est élevé ou bas. Pour se plier à la passivité épuisante qu'exige l'usine, il faut chercher des mobiles en soi-même, car il n'y a pas de fouets, pas de chaînes ; des fouets, des chaînes rendraient peut-être la transformation plus facile. Les conditions même du travail empêchent que puissent intervenir d'autres mobiles que la crainte des réprimandes et du renvoi, le désir avide d'accumuler des sous, et, dans une certaine mesure, le goût des records de vitesse. Tout concourt pour rappeler ces mobiles à la pensée et les transformer en obsessions ; il n'est jamais fait appel à rien de plus élevé ; d'ailleurs ils doivent devenir obsédants pour être assez efficaces. En même temps que ces mobiles occupent l'âme, la pensée se rétracte sur un point du temps pour éviter la souffrance, et la conscience s'éteint autant que les nécessités du travail le permettent. Une force presque irrésistible, comparable à la pesanteur, empêche alors de sentir la présence d'autres êtres humains qui peinent eux aussi tout près ; il est presque impossible de ne pas devenir indifférent et brutal comme le système dans lequel on est pris ; et réciproquement la brutalité du système est reflétée et rendue sensible par les gestes, les regards, les paroles de ceux qu'on a autour de soi. Après une journée ainsi passée, un ouvrier n'a qu'une plainte, plainte qui ne parvient pas aux oreilles des hommes étrangers à cette condition et ne leur dirait rien si elle y parvenait ; il a trouvé le temps long.
Les pistes de correction pour le bac de philo voie générale
- Corrigé du commentaire du texte :
Nous savons depuis Marx ce que le travail ouvrier, à la chaîne, est susceptible de faire aux hommes et aux femmes qui l'exécutent. Une déshumanisation qui les transforme en marchandise de moindre valeur que les marchandises qu'ils produisent.
L'œuvre de Simone Weil s'inscrit en partie dans cette tradition et elle en renouvelle l'approche notamment dans son texte, La condition ouvrière , de 1942. Cette œuvre a ceci de très particulier que Simone Weil se fit elle-même ouvrière pour, au-delà de l'héritage de Marx, faire directement l'expérience du travail à l'usine.
Mais dans le fond, qu'est-ce qui rend le travail ouvrier si inhumain ? Que fait-il à l'âme et à la conscience des ouvriers ? Dans cet extrait, Simone Weil conclut sur une formule forte. L'ouvrier pourrait réduire à la fin de la journée sa « plainte » à l'égard des tâches qu'il vient d'effectuer à cette formule: « il a trouvé le temps long ». Que faut-il entendre par là et comment la question du travail, et plus précisément encore du travail à l'usine, s'articule-t-elle à celle du temps ?
Pour répondre à ces questions, Simone Weil commence par interroger les « mobiles » qui peuvent soutenir le travail de l'ouvrier, dans la mesure où toute action humaine doit répondre à une motivation (l.1 à 10). Dans un deuxième temps (l.10 à fin), elle montre comment l'existence de ces mobiles conduit à une brutalité qui se retourne contre l'ouvrier même puisqu'il ne se contente pas de la subir mais en devient également un acteur. C'est ce qui conduit Simone Weil à conclure sur sa thèse : la longueur ou lenteur du temps de l'ouvrier.
Dans un premier temps, donc Simone Weil inscrit le travail ouvrier dans le cadre général de toute tâche ou même toute action humaine : celle-ci exige un mobile. Nous ne pouvons agir – sous quelque forme que ce soit – si nous n'y trouvons pas notre compte, si nous n'y trouvons pas un besoin à satisfaire, un intérêt à remplir, un objectif à atteindre, etc… Aussi pénible soit-il donc, le travail ouvrier ne saurait déroger à cette règle et si, en dépit de cette pénibilité, certains acceptent de s'y soumettre, c'est bien justement qu'ils y trouvent leur compte d'une manière ou d'une autre, nous y reviendrons dans l'analyse des lignes suivantes où Simone Weil s'emploie à détailler les mobiles possibles du travail ouvrier.
Avant d'en venir à ce détail, l'autrice précise que cette question des mobiles de nos actions a une implication morale. Il ne s'agit pas seulement d'une rationalité neutre (le mobile permet d'expliquer nos actions), ni d'une source d'énergie (le mobile nous fournit « l'énergie nécessaire pour accomplir » l'action comme dit le texte) mais aussi de ce qui permet de juger de la valeur de nos actions, de déterminer si elles sont « bonnes ou mauvaises », selon que le mobile est lui-même « élevé ou bas ». Par exemple, si mon action a pour mobile une valeur morale désintéressée (l'altruisme), alors nous pourrons en conclure qu'elle est bonne. Au contraire, si le mobile est bas, par exemple un pur intérêt matériel et individuel (m'enrichir), alors, nous dirons que l'action est mauvaise. Reste à déterminer exactement ce que signifie « bas » ou « élevé », selon quel critère nous pouvons parler d'un mobile « bas » ou « élevé ». Est-ce bien un critère moral comme semble le suggérer l'utilisation des adjectifs « bonne ou mauvaise » pour qualifier l'action ? La suite du texte reprend ce vocabulaire : par exemple « il n'est jamais fait appel à rien de plus élevé » (l.9), « la pesanteur » (l.12). On peut en conclure, et nous y reviendrons qu'il s'agit aussi pour Simone Weil, au-delà d'enjeux moraux, d'opposer les mobiles et préoccupations strictement matériels à ce qui relève davantage de l'esprit, comme conscience, comme pensée, comme lieu de la spiritualité.
À partir de la ligne 2, le texte s'emploie donc à détailler ce que peuvent être les mobiles qui rendent possibles le travail ouvrier. Le début de la phrase le dit clairement, comme nous l'avons évoqué, le travail ouvrier est pénible. Cette pénibilité, paradoxalement, tient à la « passivité » que ce travail exige. Comme le soulignait déjà Marx, il y a dans le travail ouvrier un renversement par rapport au travail artisanal puisque l'ouvrier n'est plus maître de son ouvrage ni de son outil mais dominé par la machine au rythme de laquelle il doit se plier et qui, en quelque sorte, travaille, manipule et transforme la matière, à sa place. Et c'est précisément cette soumission à la machine qui rend le travail insupportable et le transforme en véritable torture, en le vidant de tout son sens. Simone Weil nous parle de la « condition ouvrière » du début du XXe siècle. On peut donc ajouter à cette pénibilité une pénibilité physique bien réelle : le bruit, la cadence imposée, les risques de blessures voire de mutilations, les positions et les gestes qui contraignent et blessent le corps, etc… L'épuisement que l'usine produit n'est pas seulement le fruit de la vacuité du travail effectué mais est aussi lié à une pénibilité physique bien réelle qu'ont montrée des ouvrages comme L'Etabli de Robert Linhart ou encore des films comme Ressources Humaines de Laurent Cantet.
Or, cette tâche, cette soumission que requiert le travail ouvrier se distingue de l'esclavage puisque l'ouvrier s'y plie de son plein gré : « pas fouets, pas de chaînes » ne sont nécessaires pour forcer l'ouvrier à effectuer ce travail. En cela, l'ouvrier n'est pas l'esclave : il entre libre dans le travail, il peut même bénéficier d'un contrat de travail qui formalise la relation qu'il entretient à son employeur. C'est bien simple : s'il n'est pas content des conditions qui lui sont faites, personne ne l'empêche de quitter son emploi et d'aller chercher du travail ailleurs. Mais ce qui peut sembler faire du travail ouvrier une meilleure situation que l'esclavage est en réalité pire puisque le texte nous dit qu'il serait peut-être plus facile de se soumettre à des « fouets, des chaînes ». Comment comprendre cet apparent paradoxe ? Comment imaginer préférable d'être violenté pour se soumettre à un travail plutôt que d'y aller de son plein gré ? La réponse se trouve sans doute dans la phrase précédente : en l'absence de contrainte extérieure, c'est « en soi-même » que l'ouvrier doit trouver les motivations pour se soumettre à cette tâche épuisante. Or nous voyons bien ici le problème : comment, sans en quelque sorte vendre son âme pour un salaire qui nous permet à peine de vivre, sans précisément s'en remettre aux mobiles les moins élevés et donc faire preuve de compromission avec notre propre dignité et nos propres valeurs, trouver la moindre raison de se plier à des tâches aussi aliénantes ? C'est précisément ce que va explorer la suite du texte.
La phrase suivante détaille en effet quels sont les mobiles auxquels l'ouvrier peut essayer d'adhérer pour supporter son travail. Simone Weil en propose trois : « la crainte des réprimandes et du renvoi, le désir avide d'accumuler des sous, et, dans une certaine mesure le goût des records de vitesse. » Les deux premières motivations apparaissent en effet comme les motivations principales du travail ouvrier et, plus généralement d'ailleurs, du travail comme activité nécessaire à la vie. Là encore, les analyses de Marx sont précieuses pour bien comprendre ce dont il s'agit puisque l'ouvrier est défini par Marx comme celui qui n'a rien d'autre à vendre que sa force de travail pour vivre (à la différence par exemple de l'agriculteur ou de l'artisan qui peut directement vendre les produits de son travail). Or il faut bien vivre. La liberté supposée dont dispose l'ouvrier par opposition à l'esclave et que le contrat de travail est supposé symboliser est donc bien fictive : d'où la crainte du renvoi qui est synonyme de misère, d'impossibilité de survie. La « peur des réprimandes » qu'évoque le texte peut sembler moins évidente. Comme l'avidité ou le goût de la performance qu'évoque Simone Weil, il faut y voir la manière dont le travail ouvrier contraint le travailleur jusque dans son âme en le faisant adhérer à des mobiles futiles (records de vitesse), indignes (avidité) ou qui lui font intégrer la logique hiérarchique et de contrôle que l'usine impose (« peur de la réprimande », on pense à la figure du contremaître qui veille à sans cesse rappeler les travailleurs à la cadence qu'ils doivent tenir, y compris par l'humiliation). C'est bien qu'il faille trouver en soi une raison de se soumettre à ce que l'usine exige comme le texte l'a déjà montré et que, comme nous l'avons vu également, on ne saurait trouver de motifs plus élevés que ceux-là.
C'est ce sur quoi conclut Simone Weil à la fin de cette partie, dans la phrase suivante : non seulement il n'est pas possible de faire « appel à rien de plus élevé » puisque rien dans ce travail mécanique et répétitif, rien dans les cadences imposées pour ce travail, ne mobilise l'esprit, la pensée ou l'âme et l'ouvrier est réduit à n'être qu'un simple rouage dans la gigantesque machine de la chaîne. Non seulement donc, on ne saurait trouver de mobiles plus élevés, mais de plus « tout concourt pour rappeler ces mobiles à la pensée et les transformer en obsessions. » Il n'est donc pas possible non plus de faire abstraction de ces basses motivations, de mobiliser son esprit pour autre chose (rêver par exemple) puisque la cadence imposée au corps contamine l'âme en exigeant une attention permanente. Impossible donc de ne pas finir par être « obsédé » par ces mobiles, pour satisfaire à l'exigence d'efficacité et pour trouver en soi, sur toute la journée de travail, l'énergie nécessaire pour mener à bien ces tâches et ces actions qui, selon la logique exposée au début du texte, se révèlent n'être que de basses actions, dévalorisant ainsi aux propres yeux du travailleur sa propre activité.
Dans un deuxième temps, Simone Weil en arrive aux conséquences que cela produit sur la pensée et l'âme de l'ouvrier. Alors même qu'il a son âme remplie de ces mobiles devenus obsédants, et que l'on pourrait donc imaginer une importante activité de l'esprit, c'est au contraire à une « rétractation » de la pensée que l'on assiste. Là encore cela soulève un paradoxe : l'esprit apparaît ici à la fois vide et plein. Nous avons vu en quoi il était plein de mobiles les plus bas. Voyons maintenant comment il se vide. Selon Simone Weil, il s'agit avant tout d'« éviter la souffrance ». La pensée, nous dit-elle « se rétracte sur un point du temps ». Que faut-il entendre par là ? On peut comprendre que le travail ouvrier exige, physiquement, matériellement d'abord, une attention permanente qui se fixe uniquement sur la tâche à effectuer afin d'éviter comme nous l'avons déjà évoqué les risques de blessure par exemple ou, tout simplement, tout ce qui pourrait ralentir la cadence. Sur la chaîne, il n'existe donc plus rien d'autre que le maintenant du geste et de la tâche présente, en train d'être effectuées. En cela, toute temporalité est réduite à un seul point, un seul instant. Cette rétractation de la pensée prend aussi une dimension spatiale en quelque sorte puisque la phrase suivante nous montre en quoi ce travail rend également insensible à la présence des autres. Chacun reste concentré, rétracté donc sur sa tâche propre, dans la totale ignorance des autres qui effectuent des tâches parfaitement similaires juste à côté. Le travail de ce point de vue là isole temporellement et spatialement. Nous retrouvons ici, comme nous l'avions évoqué, l'idée d'une « pesanteur » dans ce travail qui écrase l'âme et la conscience de l'ouvrier. C'est donc bien l'idée qu'il ne peut rien y avoir de « haut » ou d' « élevé » dans le travail ouvrier (tel qu'il est mis en forme à l'usine), dans les mobiles mais aussi dans la réalisation même de ce travail.
Cette dimension morale surgit d'ailleurs de nouveau dans la suite du texte puisque Simone Weil évoque alors la manière dont l'indifférence et la brutalité de ce système en quelque sorte contaminent le travailleur lui-même qui devient à son tour « indifférent et brutal comme le système dans lequel on est pris ». Comme nous venons de l'expliquer, les exigences des cadences imposées, l'épuisement qui écrase l'individu, la rétractation de la pensée que nous venons de décrire nous a permis de comprendre en quoi se produit dans ce cadre cet isolement de chacun à l'égard de chacun et le recours aux motivations les plus basses qui ne peuvent que produire cette indifférence morale ici évoquée. Se produit alors un jeu de miroir qui semble démultiplier à l'infini la violence de cette organisation : la brutalité du système se reflète en chacun (qui devient à son tour indifférent et brutal), chacun reflétant ensuite cette brutalité aux yeux des autres qui l'entourent, et ainsi suite à l'infini. La violence n'est pas ici symbolique puisqu'elle s'incarne bien concrètement dans les corps (« les gestes, les regards, les paroles ») qui constituent l'environnement dans lequel évoluent ces travailleurs. Dans A la ligne , Joseph Ponthus montrait ainsi comment, dans ce travail à la chaîne si particulier qu'est l'abattoir, la violence exercée à l'égard des animaux se répercutait chez les travailleurs eux-mêmes, illustrant ainsi à merveille ce que nous explique Simone Weil ici. Alors que nous pourrions nous attendre à ce que des conditions de travail aussi pénibles que celle que décrit le texte suscite entre les ouvriers une solidarité leur permettant de s'entraider et de bénéficier d'un rapport de force favorable face à ceux qui les emploient, c'est au contraire, semble nous dire Simone Weil, l'inverse qui se produit, chacun se retrouvant isolé face à un environnement où la violence semble partout.
Pour conclure cette description, Simone Weil, dans sa dernière phrase, fait surgir un nouvel élément : celui du temps. Car ce que nous venons de lire se résume ainsi, nous dit-elle, en une seule plainte « il (l'ouvrier) a trouvé le temps long ». Cette plainte nous dit-elle reste inaudible et incompréhensible à ceux qui ne partagent pas cette condition. C'est bien la raison qui la poussa à expérimenter elle-même directement la condition ouvrière, à se soumettre elle-même en se faisant ouvrière à cette situation tant seule l'expérience vécue, réelle peut ici permettre de comprendre ce dont il s'agit. Cette plainte, donc, porte sur le temps : il ne s'agit pas de pénibilité, de l'épuisement que nous avons déjà évoqué ou des cadences imposées, mais de la longueur ressentie du temps. Là encore, cette conclusion peut avoir de quoi surprendre car la rétractation de la pensée dans l'instant du geste répété que nous avons évoqué pourrait au contraire donner l'impression que le temps s'écoule plus rapidement : lorsque nous sommes absorbés par une tâche, ne dit-on pas en effet que nous ne voyons pas le temps passer ? Mais nous comprenons bien ici que si rend le temps si long dans ce travail, c'est, comme l'a montré le texte, l'absence totale d'élévation de l'âme : la pensée comme nous l'avons dit est à la fois pleine des mobiles les plus bas et vide de tout ce qui pourrait être source d'intérêt ou d'élévation. C'est donc, pourrait-on dire, un temps plein de vide que le travail ouvrier fait subir, comme un long ennui qui serait, en plus, pénible physiquement.
Par le détour de son argumentation sur ce que le travail fait à l'esprit plus encore qu'au corps, Simone Weil parvient donc à montrer en quoi le travail ouvrier n'est pas tant pénible parce qu'il nous épuise que parce qu'il fait à notre esprit qu'il écrase moralement en le remplissant des mobiles les plus bas tout en le vidant de la moindre possibilité d'élévation ou d'échappatoire.
- Corrigé du sujet de dissertation 1 : La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
Introduction :
Opposée à l'opinion, changeant, mouvante et instable car manquant de fondement rationnel, la science nous apparaît généralement comme ce qui permet d'avoir une connaissance véritable du monde et des choses. En effet, là où l'opinion se fonde sur l'apparence, ou sur le « on-dit », sur l'habitude, la science, qui se fonde sur la raison semble être ce qui se fait de mieux en matière de savoir dès lors que nous recherchons la vérité sur le monde et sur les choses. Mais constater que la science serait ce qui permet, contrairement à l'opinion, de parvenir à construire un discours vrai conduit-il nécessairement à penser qu'elle est en mesure de satisfaire notre besoin de vérité ? En effet, il semble assez évident de reconnaître que la science ne permet pas de connaître pleinement l'avenir, par exemple et force est de constater que bien souvent le besoin de vérité semble se satisfaire de discours infondés quand bien même seraient-ils faux. D'un côté, la science permet d'établir certaines vérités contre l'opinion et le danger de certaines croyances, mais d'un autre côté, elle n'est peut-être pas en mesure de répondre à toutes les questions que nous nous posons. Quelle place s'agit-il alors de donner à la vérité scientifique ? Faut-il considérer que notre soif de vérité doive être nécessairement satisfaite ?
I/ La science apparaît comme le meilleur moyen de satisfaire notre besoin de vérité
A/ La science n'est pas l'opinion
On peut ici penser aux analyses de Platon qui distingue science et opinion ou encore à celles de Bachelard, par exemple lorsqu'il montre en quoi l'opinion ne pense pas en « transformant des besoins en connaissance »
B/ La science justifie
La science a cette vertu de justifier ses discours.
Mais la science est-elle en mesure de tout connaître et de tout savoir ?
II/ La science n'est pas en mesure de répondre à toutes les questions
A/ Distinguer le savoir et la croyance
Il est des questions auxquelles la science ne peut répondre. Tel est le sens de la distinction que Kant opère entre le savoir et la croyance. Pour qu'une vérité scientifique puisse être énoncée, certaines conditions doivent être réunies.
B/ La question « comment ? » et la question « Pourquoi ? »
La science est en mesure de répondre à la question « comment ? » mais non à la question « pourquoi ? ». Elle est en mesure de déterminer des rapports constants et nécessaires entre des phénomènes et tel est son champ.
C/ Les dangers à considérer que la science pourrait satisfaire ce besoin de vérité
Il peut y avoir un danger à penser que la science pourrait ainsi répondre à toutes les questions.
Au nom de la science et de sa prétention à satisfaire notre besoin de vérité, des idéologies mortifères ont pu se développer.
Faut-il alors renoncer à la science pour satisfaire notre besoin de vérité ? le danger n'est-il pas alors de redonner toute sa place à l'opinion ?
III/ Les limites du besoin de vérité
A/ La science renvoie à un discours sur le monde mais n'épuise pas toutes les questions
Constater que certains domaines échappent à la science ne revient pas à dire que dans tous les domaines tous les discours se valent.
B/ L'art face à la science
La vérité n'est pas l'exactitude, elle est un certain dévoilement de la réalité. En ce sens, l'art peut apparaître comme un moyen de satisfaire notre besoin de vérité, mais cette vérité n'est jamais considérée comme définitive.
C/ Quel besoin de vérité ?
Le besoin de vérité peut lui-même représenter un danger.
Conclusion :
La science ne peut satisfaire notre besoin de vérité, mais cela ne témoigne pas d'une faiblesse de celle-ci. C'est notre besoin de vérité qu'il s'agit d'interroger alors, en se demandant s'il ne s'agit pas simplement d'accepter l'idée selon laquelle tout ne relève pas de la nécessité.
- Corrigé du sujet de dissertation 2 : L'État nous doit-il quelque chose ?
L'État désigne un ensemble d'institutions qui permettent de réguler la société. Dès lors, il ne peut être efficace qu'à la condition de fixer un certain nombre de règles, et de devoirs : l'ordre n'est obtenu que si chacun respecte les règles et remplit les devoirs qui sont les siens. Dans la relation verticale que nous entretenons avec l'État, il semble que ce soit d'abord nous, citoyennes et citoyens, qui ayons des devoirs à son égard et qui lui devions donc quelque chose. Mais ces devoirs nous permettent de bénéficier en retour de droits. Or, dès lors, cela n'implique-t-il pas que, si nous avons des droits, l'État nous doive bien également quelque chose en retour des devoirs que nous acceptons ? Car si l'État ne nous doit rien, comment nos droits pourraient-ils être garantis et respectés ? Et même, comment l'État pourrait-il être légitime ?
Plan :
Partie 1. L'État doit nous garantir nos droits fondamentaux (liberté, sécurité)
L'Etat nous doit de nous assurer et garantir une protection en dehors de laquelle rien n'est possible pour nous, aucune existence ne peut réellement se développer.
L'Etat est donc constitué par le pacte social. Il ne désigne pas seulement des institutions qui nous gouvernent, mais aussi la communauté politique qui est fondée par le contrat social. Dans le Contrat Social , Rousseau prend l'image frappante du corps pour désigner ce que produit le contrat social.
Si, comme le dit Rousseau, l'Etat n'est qu'un ensemble d'institutions, son efficacité repose sur le pouvoir qu'il exerce. En tant qu'institution, il est doté d'une certaine force, qui lui permet de garantir notre sécurité en assurant l'ordre et la justice.
Partie 2. L'État ne nous doit rien, car ce qui prime ce sont les devoirs des citoyens à l'égard de l'État
Il faut ici distinguer le citoyen du sujet. Le sujet est simplement soumis à l'exercice d'un pouvoir. Le citoyen est membre d'un corps politique, dont il est effectivement le sujet dans le sens où il se doit d'obéir à un certain nombre de règles, mais au sein duquel il doit également être actif, c'est-à-dire participer aux actions de contrôle et d'élaboration du politique.
Ainsi, penser que l'Etat nous doit quelque chose serait, pour le citoyen, se retrouver dans la position du petit enfant face à ses parents, ou l'esclave ou l'animal face à son maître. Or, précisément, le modèle paternaliste de l'Etat ne paraît pas adéquat pour concevoir l'Etat de droit pour plusieurs raisons.
Partie 3. L'Etat ne nous doit rien car l'Etat ce n'est jamais que nous-mêmes
Revenons à Rousseau pour tenter de mieux définir l'Etat. La définition de l'Etat proposée par Rousseau va en effet plus loin. Le pacte social au fondement de l'Etat est un pacte d'association. Cela signifie que le peuple est l'instance souveraine, d'où le pouvoir politique tire sa légitimité et au-dessus de laquelle il n'y a personne. Pour Rousseau, un pouvoir politique qui n'a pas de légitimité démocratique n'est pas un Etat, mais un pur rapport de force.
Si l'Etat nous doit donc quelque chose car c'est la condition pour que nous nous nous soumettions à son pouvoir, ce n'est jamais qu'envers nous-mêmes et nos concitoyens que ces devoirs trouvent leur réel fondement. Et même, si nous poussons la logique de Rousseau plus loin encore, l'Etat ne nous doit rien à nous individuellement car nous ne sommes jamais que le membre d'un corps et c'est bien ce corps qui prime sur nos droits ou aspirations individuelles.
C'est la raison pour laquelle, nous ne pouvons penser que l'État nous doit quelque chose. Cela reviendrait à faire preuve d'une double naïveté. Naïveté quant à la nature profonde du politique qui est avant tout une communauté d'hommes qui contractent ensemble et à l'égard desquels l'État n'est qu'un rouage. Ce n'est pas l'État qui nous doit quelque chose, ce sont les autres. Naïveté également quant à la nature du pouvoir politique dont, en tant que réalité historique, particulière, nous ne pouvons avoir de garantie qu'il satisfasse ce que nous estimons nous être dus. L'État ne nous doit rien mais cela ne fait que rendre plus immenses encore nos devoirs et responsabilités politiques, qui nous engagent à l'égard de tous les autres avec lesquels nous vivons.
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Les sujets du bac de philo pour la voie technologique en bref :
Sujet de dissertation 1 : La nature est-elle hostile à l'homme ?
Sujet de dissertation 2 : L'artiste est-il maître de son travail ?
Le commentaire de texte : PLATON, Les lois IX (IVème siècle av. J.-C.)
Il est nécessaire aux hommes de se donner des lois et de vivre conformément à ces lois, sous peine de ne différer en rien des bêtes les plus sauvages. Voici quelle en est la raison : aucun homme ne naît avec une aptitude naturelle à savoir ce qui est profitable pour la vie humaine en société et, même s'il le savait, à pouvoir toujours faire et souhaiter le meilleur. Car en premier lieu il est difficile de comprendre que l'art politique véritable doit prendre soin, non du bien particulier, mais du bien général – car le bien général rassemble, tandis que le bien particulier déchire les sociétés ; et le bien commun tout autant que le bien particulier gagnent même tous les deux à ce que le premier plutôt que le second soit assuré de façon convenable. En second lieu, même si l'on était assez habile pour se rendre compte que telle est la nature des choses, et qu'on ait à gouverner un État avec un pouvoir absolu et sans rendre aucun compte, on ne pourrait pas rester fidèle à ce principe et faire passer pendant toute sa vie le bien commun de la société au premier rang et le bien particulier au deuxième. En fait la nature mortelle de l'homme le portera toujours à vouloir plus que les autres et à s'occuper de son bien particulier, parce qu'elle fuit la douleur et poursuit le plaisir sans tenir compte de la raison, qu'elle les fera passer l'une et l'autre avant le plus juste et le meilleur, et, s'aveuglant elle-même, elle finira par se remplir, elle et toute la société, de toutes sortes de maux.
- Corrigé du commentaire de texte
I/ Éléments d'analyse
A/ Expliquez pourquoi vivre sans lois serait vivre comme «les bêtes les plus sauvages»
Les lois sont ce qui permet de réguler la vie en communauté, elles déterminent ce qui est permis et ce qui est interdit. En tant que telles, elles s'imposent à toutes et à tous dans les limites qu'elles posent. En dehors de toute loi, ne règnent que des rapports de force et de domination. Dès lors, rien ne nous distingue des bêtes sauvages. C'est d'ailleurs ainsi que Kant définira la sauvagerie, à savoir l'indépendance à l'égard de toute loi. L'homme se caractérise alors par sa capacité à dépasser sa propre animalité et c'est dans ce dépassement qui consiste à ne pas entretenir que des rapports de force
B/ Expliquez pourquoi « l'art politique véritable doit prendre soin (…) du bien général »
Chaque individu est animé par un intérêt particulier et chaque individu a tendance à rechercher son propre bien, son bien particulier. Toutefois, la poursuite des intérêts particuliers multiples et divergents est immédiatement source de conflits et installe les individus dans des rapports de force. La politique a pour but, en premier lieu, de permettre aux individus de vivre en commun. Dès lors, elle s'attache à prendre en compte, non pas d'abord les intérêts particuliers mais l'intérêt général et donc ce qui constitue le bien commun. La détermination du bien général est ce qui permet de ne pas diviser les individus.
C/ Quel sens peut-on donner à l'expression « le plus juste et le meilleur » ?
En vertu de sa nature propre, tout homme recherche son bien propre et ceci parce que, comme être sensible, il ressent de la douleur et du plaisir, parce qu'il se compare sans cesse aux autres avec lesquels il entre sans cesse en compétition. Ce n'est pas une affaire de justice, mais une affaire d'intérêts propres. Le plus juste serait de poursuivre ce qui est pour le bien de tous, et c'est en ce sens que ce serait le meilleur, ne serait-ce que parce qu'en ne poursuivant que son bien propre, on met en péril l'unité de la société. Comme le souligne le texte, la recherche unique du bien particulier déchire les sociétés.
II/ Éléments de synthèse
A/ Quelle est la question à laquelle l'auteur répond dans ce texte ?
Dans ce texte il s'agit de se demander pourquoi il est nécessaire de se donner des lois pour vivre en commun.
B/ Dégagez les différents moments de l'argumentation
Dans un premier temps, Platon énonce la thèse du texte : Il faut se donner des lois parce que la tendance naturelle des hommes ne consiste pas à vivre selon ce qui est bon pour la vie en société
Puis, dans un deuxième temps, il en donne les raisons qui sont au nombre de deux :
- Il est difficile de comprendre la nécessité de dépasser la recherche du bien particulier au profit du bien commun
- Même lorsqu'on l'a compris, il est difficile de le mettre en pratique
Dans un troisième temps, il montre en quoi cela tient à la nature mortelle de l'homme
C/ En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l'idée principale du texte
L'idée principale du texte consiste à affirmer que la nature humaine, et en particulier sa nature mortelle, conduit majoritairement les hommes à poursuivre leurs intérêts particuliers, soit par ignorance de ce qui est nécessaire à la vie en société, soit par une sorte de faiblesse face à la difficulté qu'il y a à se contraindre à vivre selon le bien commun. Dans ce texte, Platon s'attache donc à affirmer la nécessité qu'il y a à établir des lois et montre sur quels principes elles doivent être établies. Autrement dit, ce n'est pas spontanément que les hommes se donnent les moyens de vivre en société.
III. Commentaire
A/ D'après le texte, quels sont les maux qui peuvent menacer la société ?
Les maux qui menacent la société sont avant tout la recherche du plaisir individuel, et surtout la tendance que les hommes ont à se comparer sans cesse aux autres et à vouloir plus qu'eux. C'est dans l'opposition entre le bien particulier et le bien général que réside toute la tension. Le pire des maux qui puisse menacer la société est donc la sauvagerie, à savoir le désordre sans limites et la mise en péril de la vie des individus. Si nous étions des dieux, des êtres immortels, alors sans doute n'aurions-nous pas besoin de lois, mais tel n'est pas le cas : nous sommes des êtres mortels, des êtres finis et cette finitude nous installe dans des logiques de comparaison dès lors que nous nous confrontons aux autres. Ce qui menace la société, dont nous avons besoin pour vivre est donc nous-mêmes, notre nature qui risque de conduire la société à se disloquer.
B/ En vous appuyant sur votre compréhension du texte, vous vous demanderez s'il est possible, et de quelle manière, de concilier le bien des individus et celui de la communauté.
Considérer qu'il est nécessaire, pour qu'une vie en commun soit possible, de dépasser la recherche des biens individuels semble une évidence dès lors que l'on s'efforce de penser une vie en commun. En effet, une vie collective dans laquelle chacun serait uniquement à la recherche de son bien propre, semble impossible. La vie en société exige de faire l'effort de dépasser la recherche de ses intérêts particuliers. Pour que nous puissions vivre en commun, il faut des biens communs. Mais faire un tel constat ne suffit pas. En effet, il se pourrait bien que le bien des individus puisse rentrer en contradiction avec le bien de la communauté. La recherche du bien de la communauté consiste-t-elle à nier le bien des individus ou est-il possible de concilier les deux ?
Il y a une tension évidente entre le bien des individus et celui de la communauté. Il s'agissait alors de donner ici des exemples : un individu peut chercher, pour son bien propre à s'enrichir, par exemple, mais la vie en communauté exige qu'il y ait des biens communs, par exemple des routes, des hôpitaux, une justice etc…Pour que ces biens communs existent, il faut alors que chaque individu dépasse son intérêt particulier et participe à l'obtention de ces biens communs. Une telle démarche peut être vécue comme une atteinte à la liberté ou encore comme une atteinte à la propriété. Dans un premier temps, on pourrait montrer comment en quoi, la détermination du bien de la communauté suppose la négation du bien des individus, comment l'individu doit s'oublier dans la communauté.
Il s'agirait alors de se demander si une conciliation n'est pas possible, si la détermination du bien commun suppose nécessairement la négation de tout bien individuel. Notons simplement ici que la justice, qui peut apparaître comme un bien commun, n'est pas étrangère à tout bien individuel. En effet, dans une société où ne règnent que les rapports de force, où chacun ne serait mû que par son intérêt propre, aucun individu ne serait en sécurité. On pouvait penser ici aux analyses de Hobbes, par exemple, lorsqu'il aborde l'état de nature comme un état de guerre de tous contre tous et de chacun contre chacun. Dans un tel état, même celui qui serait le plus fort risquerait sans cesse sa vie. On pourrait alors se demander si l'opposition première entre le bien des individus et le bien de la communauté est si radicale. En effet, ne peut-il pas être dans l'intérêt de l'individu qu'il y ait un bien commun ? Mon intérêt bien compris ne consiste-t-il pas à déterminer un intérêt commun ?
- Corrigé du sujet 1 : La nature est-elle hostile à l'homme ?
Quelle étrange question ! Outre la personnification de la nature à laquelle on attribuerait un sentiment d'inimitié à l'égard des hommes, cette formulation semble également inverser le rapport de force ou de nuisance que nous pouvons aujourd'hui constater entre l'homme et la nature ? N'est-ce pas en effet plutôt l'homme qui paraît hostile à la nature tant il semble ne pas la respecter, la détruire, la dominer ?
Lorsque nous pensons à la nature, deux imaginaires sont convoqués. D'abord, la beauté et l'harmonie avec soi et le monde, nécessaires au bien-être. A contrario, ce qui est trop artificiel ou dénaturé serait source de souffrance et de désordre. Régler nos vies sur la nature, ne serait-ce pas dès lors la meilleure garantie de bonheur et de justice et dans ce sens-là, la nature n'est-elle pas, loin d'être hostile à l'homme, au contraire ce qu'il y a de meilleur pour lui ?
Mais la nature évoque aussi la violence. « L'homme est un loup pour l'homme », et si les individus se retrouvaient régis par leur seule nature, le chaos et la loi de la jungle régneraient. C'est ce qu'ont montré les nombreuses images de pillage qui ont circulé après l'ouragan Katrina en 2005, par exemple. L'hostilité peut en effet se définir comme une volonté de nuire, comme une malveillance à l'égard d'un ennemi auquel on voudrait du mal. En ce sens, la nature n'est-elle pas précisément un environnement hostile pour l'homme ? Si l'humanité s'est tant employée à modifier et dominer la nature, n'est-ce pas précisément parce que celle-ci apparaît d'abord comme un milieu au sein duquel la survie n'est précisément pas assurée s'il n'y apporte pas les modifications nécessaires pour réduire les dangers qu'il y court ? De ce point de vue là, nous pourrions donc supposer qu'il y a, en effet, bien une forme d'hostilité de la nature à l'égard de l'homme : elle n'est, tout simplement, pas faite pour lui ! Mais, comme nous l'avons déjà évoqué, que penser d'une telle personnification ? Quel sens peut-il y avoir à prêter ainsi une intention à la nature ? Plus fondamentalement encore, n'est-ce pas dans la nature de l'homme de s'adapter à son environnement, quel qu'il soit ?
Partie 1. La nature n'est pas hostile à l'homme car elle est son environnement premier
On ne peut donc accuser la nature d'hostilité à l'égard de l'homme, puisqu'au contraire il n'y a pas de valeur morale en son sein (ce que nous explique Spinoza dans L’Ethique)
Nos valeurs morales ne sont donc ni absolues, ni désintéressées, ni coupées de la nature. Au contraire, ce ne sont que des variations de l'instinct de conservation en nous : nous appelons bien ce qui est utile à notre conservation (collective ou individuelle) et mal ce qui nous est nuisible.
C'est donc une conception totalement erronée et de l'homme et de la nature qui pourrait nous conduire à voir dans la nature un environnement hostile à l'homme. Au contraire, celle-ci est neutre, en nous, comme à l'extérieur de nous.
Partie 2. La nature est hostile à l’homme car elle menace sa survie
La nature n'est pas faite pour l'homme car, livré à lui-même, dans un pur état de nature où il ne pourrait recourir ni à l'aide d'autrui ni au moindre outil, ni à la protection d'un Etat, l'homme serait tout simplement incapable de survivre.
Cette hostilité n'est pas seulement dans les conditions de survie à l'extérieur de nous : nous la portons également en nous. La nature ne désigne en effet pas seulement l'environnement donné dans lequel nous évoluons mais également la nature en nous, ce qui est donné en nous, comme nature humaine, ou pas d'ailleurs.
Partie 3. La nature n'est pas hostile à l'homme car notre relation à la nature ne s'inscrit pas dans un rapport de force
Cette complexité est présente dans toute l'œuvre de Rousseau. Dans le Second Discours, la nature constitue, en effet, un idéal d'harmonie et de pureté des hommes . Mais, comme le rappelle le philosophe, l'état de nature, parce qu'il finit par être conflictuel, est un état dont les hommes veulent sortir.
Nous sommes à la fois en elle et en dehors d'elle, la conditionnant et conditionnés par elle, et cette complexité ne nous permet pas de penser notre relation à la nature sous le rapport, simpliste et réducteur, de l'hostilité.
La nature n'est pas hostile à l'homme. Certes, elle constitue un environnement qu'il nous est difficile de dominer et où la stricte survie immédiate peut paraître impossible. Mais notre rapport à la nature est plus complexe et nous ne saurions, sur la base de cette prétendue hostilité de la nature, justifier notre propre hostilité à son égard. Nous sommes dans la nature autant qu'en dehors d'elle, dépendant d'elle autant que nous la dominons et dans ce sens notre relation à la nature n'a pas à être un rapport de force. Toute hostilité en est alors exclue.
- Corrigé du sujet 2. La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
Introduction
1/La science apparaît comme le meilleur moyen de satisfaire notre besoin de vérité
2. La science n'est pas en mesure de répondre à toutes les questions
3. Les limites du besoin de vérité
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La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité
Sujet du Bac 2024
Introduction : L’aspiration humaine à la vérité : une quête sans fin ?
L’être humain est habité par une quête incessante de vérité, un besoin fondamental qui transcende les époques et les cultures. Cette soif de connaissance semble inextinguible, évoluant au fil du temps à travers la religion, la philosophie, et plus récemment, la science. Les civilisations anciennes cherchaient des réponses aux questions existentielles par le biais des mythes et des croyances. Les philosophes, depuis l’Antiquité, ont tenté de répondre aux questions fondamentales par la raison pure, tandis que la science moderne est devenue l’outil principal pour découvrir et comprendre les lois qui régissent l’univers. Mais la question demeure : la science suffit-elle à satisfaire notre besoin de vérité ?
La quête de vérité n’est pas un simple souhait, mais une nécessité. Elle est profondément enracinée dans la nature humaine, participant de sa capacité à penser et à s’interroger sur soi-même et sur le monde qui l’entoure. Cependant, on peut se demander si cette quête a une fin, ou si elle est, par essence, interminable. Après tout, même lorsque certaines vérités scientifiques semblent établies, de nouvelles énigmes surgissent, remettant en cause des connaissances précédentes ou ouvrant des champs d’investigation jusque-là insoupçonnés. Ce paradoxe entre un besoin intense de vérité et la possibilité que cette quête ne trouve jamais de terme définitif incite à réfléchir sur le rôle de la science dans notre compréhension du monde.
Dès lors, on peut se poser la question suivante : la science peut-elle satisfaire pleinement notre besoin de vérité ? Cette interrogation oblige à explorer, d’une part, la capacité de la science à accéder à une vérité objective, souvent perçue comme la forme la plus puissante de connaissance, et, d’autre part, les limites inévitables de cette même science face à des réalités plus complexes ou subjectives. Enfin, il sera pertinent de se demander si une complémentarité entre science, philosophie, et subjectivité est possible ou si ces domaines sont irrémédiablement opposés dans leur approche de la vérité.
I. La science : une voie privilégiée vers la connaissance objective
La science moderne, depuis la révolution scientifique du XVIIe siècle, a permis des avancées considérables dans la compréhension du monde. À travers l’expérimentation, l’observation rigoureuse, et l’utilisation de méthodes mathématiques, la science a réussi à dévoiler des vérités sur la nature de l’univers, qui semblaient autrefois inaccessibles. Cette approche méthodique et empirique a foré des domaines invisibles aux sens humains, révélant les dimensions du microscopique et du macroscopique, des lois de la physique aux comportements des particules élémentaires. La science a ainsi établi un cadre objectif permettant de différencier le vrai du faux, grâce à la reproductibilité des expériences et la rigueur des démonstrations.
Cette démarche scientifique est souvent perçue comme le moyen le plus fiable d’accéder à une vérité universelle, qui dépasserait les contingences culturelles ou subjectives. Lorsque la science découvre une loi ou un principe, tel que le principe de conservation de l’énergie ou la loi de la gravitation universelle, elle prétend décrire un aspect de la réalité indépendant des croyances individuelles. En cela, la science se présente comme un chemin d’accès privilégié à une vérité objective, capable de convaincre quiconque suit la même méthodologie rigoureuse.
De plus, les progrès continus de la science semblent témoigner de sa capacité à se rapprocher de plus en plus de la vérité ultime. À chaque avancée technologique, les scientifiques sont en mesure de produire de nouvelles hypothèses, de tester des théories auparavant inaccessibles, et de repousser les limites du savoir. Ce processus cumulatif semble indiquer que la science possède un potentiel illimité pour découvrir les vérités cachées de l’univers, à condition de développer les outils nécessaires à cette exploration.
Cependant, malgré tout le pouvoir explicatif que la science peut offrir, il est légitime de se demander si les vérités scientifiques peuvent satisfaire pleinement l’ensemble de nos besoins cognitifs. Les vérités découvertes par la science sont-elles capable de répondre à toutes les questions que se pose l’être humain, ou y a-t-il des aspects de la réalité, ou de l’expérience humaine, qui échappent à l’analyse scientifique ?
II. Limites de la science : Peut-elle dévoiler toutes les vérités ?
Bien que la science soit un outil puissant pour accéder à des connaissances objectives, elle comporte également des limites inhérentes. L’une des premières limites tient aux objets mêmes de son investigation. La science ne s’intéresse qu’à ce qui est observable, mesurable et quantifiable. Tout ce qui échappe à ces critères, comme les concepts de valeur, d’éthique, ou d’émotion, semble en dehors de son champ d’investigation. Par exemple, la science peut certes décrire les processus neurobiologiques à l’œuvre dans une émotion comme l’amour, mais peut-elle en saisir la nature qualitative, ou sa signification existentielle ? Ici, des domaines tels que la philosophie ou l’art semblent plus adaptés pour comprendre des réalités humaines qui ne se conforment pas aisément à la mesure scientifique.
De plus, la science elle-même peut être influencée par des facteurs externes, qu’ils soient sociaux, historiques ou culturels. Les paradigmes scientifiques, pour reprendre l’expression de Thomas S. Kuhn, ne sont jamais immuables : ils évoluent et parfois même se renversent. Ce phénomène de « révolution scientifique » montre que la science avance par des approximations successives de la vérité, sans jamais pouvoir prétendre atteindre une vérité définitive. Ce constat pourrait mener à une remise en cause de l’idée selon laquelle la science est capable d’accéder à une vérité absolue. En d’autres termes, chaque vérité scientifique pourrait n’être qu’une approximation temporaire, sujette à révision, voire à refutation.
Enfin, la science semble aussi limitée par la question du sens, une dimension essentielle du besoin humain de vérité. La science peut expliquer les mécanismes du monde, mais elle n’est pas en mesure de répondre à des questions telles que « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? », ou « Quel est le sens de notre existence ? ». Ces questions appartiennent traditionnellement au domaine de la philosophie et de la religion. Bien que la science puisse proposer des scénarios sur l’origine de l’univers, comme le Big Bang, ou décrire les étapes de l’évolution, elle ne peut répondre à la question du « pourquoi » ultime, seulement au « comment » de ces phénomènes.
Face à ces limites, il devient évident que la science, si puissante soit-elle pour découvrir des vérités objectives concernant le monde naturel, ne peut répondre à toutes les questions que soulève notre quête de vérité. Peut-être alors que la science doit être vue non pas comme l’unique voie d’accès à la vérité, mais comme une voie parmi d’autres, avec laquelle elle partagerait une complémentarité synergique.
III. La vérité entre la science, la philosophie et la subjectivité : complémentarité ou opposition ?
En reconnaissant les limites de la science, il est indispensable de se tourner vers d’autres modes de connaissance pour explorer la notion de vérité. La philosophie, par exemple, a toujours cherché à approfondir des questions que la science ne peut traiter. Si la science se concentre sur le « comment », la philosophie s’intéresse surtout aux questions du « pourquoi », tout en cherchant à contextualiser les découvertes scientifiques dans une perspective plus large. La philosophie analyse les fondements même de la science, interrogeant la nature et les limites de la connaissance, notamment à travers les réflexions épistémologiques de penseurs tels qu’Immanuel Kant ou Ludwig Wittgenstein. Ce dernier, dans son Tractatus Logico-Philosophicus, souligne que les vérités scientifiques, aussi raffinées qu’elles soient, laissent néanmoins sans réponse des questions d’ordre métaphysique, existentielle ou éthique.
En parallèle, la subjectivité humaine, souvent perçue comme un obstacle à la connaissance objective, peut également être considérée comme une voie d’accès privilégiée à certaines vérités. Les arts, l’expérience esthétique, ou la contemplation religieuse, par exemple, expriment des réalités qui échappent complètement à l’analyse scientifique mais qui satisfont pourtant des besoins profonds de sens et de compréhension. Par exemple, une œuvre littéraire, telle que « Ainsi parlait Zarathoustra » de Nietzsche , peut véritablement explorer la nature humaine d’une manière que ni la science ni la philosophie ne peuvent atteindre. Ces approches subjectives ouvrent des dimensions de vérité qui, bien que non mesurables, sont pourtant cruciales pour une compréhension plus globale de ce que signifie être humain.
Il est essentiel ici de considérer la complémentarité entre la science, la philosophie et la subjectivité. La science, par sa nature empirique et méthodologique, répond à certaines questions, mais elle peut être enrichie par les perspectives philosophiques et subjectives. Il ne s’agit donc pas de voir l’opposition entre ces domaines, mais plutôt d’envisager une synergie où chacun apporte une pièce supplémentaire au puzzle complexe de la réalité. Ainsi, même si la science ne peut répondre à toutes nos questions ou combler entièrement notre besoin de vérité, elle joue un rôle crucial et irremplaçable au sein d’un cadre pluriel de recherches de la vérité.
Il semble donc possible de dire que la quête de vérité nécessite une approche multi-disciplinaire, où la science, la philosophie et la subjectivité ne se rejettent pas les unes les autres, mais, au contraire, s’enrichissent mutuellement. Cette complémentarité pourrait bien être la clé pour comprendre que la vérité n’est pas une réalité monolithique, mais plutôt un ensemble de perspectives construites par la somme des différentes manières dont l’humanité cherche à appréhender le monde.
La science, en tant qu’instrument de connaissance objective, occupe une place centrale dans notre quête de vérité. Elle nous permet de comprendre le monde avec une rigueur et une précision qui dépassent souvent nos simples perceptions. Pourtant, malgré ses avancées impressionnantes, la science ne prétend pas tout expliquer. Elle est limitée par la nature de ses méthodes et le contexte temporel dans lequel elle évolue. Certaines vérités, notamment les questions existentielles et les expériences subjectives, échappent à la grille d’analyse scientifique et réclament des approches différentes, telles que celles proposées par la philosophie ou l’art.
Ainsi, la recherche de la vérité ne peut être cantonnée à une seule discipline. La science, bien qu’essentielle, ne peut épuiser tous les aspects de la réalité. Il en découle une complémentarité nécessaire entre la science, la philosophie, et même la subjectivité individuelle, pour approcher la vérité sous toutes ses facettes. Cette pluralité d’approches enrichit notre compréhension du monde et souligne que la vérité, loin d’être univoque ou absolue, se révèle souvent fragmentaire et multidimensionnelle. En définitive, la quête de vérité dépasse les limites humaines, mais c’est précisément cette inaccessibilité totale qui motive et enrichit notre perpétuel désir de savoir et de comprendre.
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La science a-t-elle le pouvoir de changer le monde ?
Dissertation de Philosophie (corrigé)
Introduction.
La réponse semble évidente puisque le progrès scientifique a déjà montré plusieurs visages du monde à travers l’histoire de l’homme. La recherche scientifique est donc apparemment au cœur même du changement. Pourtant, que change véritablement la science si elle a d’abord ses critères vis-à-vis de son rapport au monde ? La science semble ne pas vouloir toucher tout ce qui est métaphysique, or les idées font aussi partie de la structure du monde. La science elle-même en tant que construction humaine a ses fins métaphysiques. Elle sert tant l’idée de la recherche d’une vérité atteignable que celle du pouvoir technique capable de maîtriser le monde. Si elle a donc véritablement un pouvoir sur le monde, peut-on penser le fait qu’elle ne se donne à elle-même ses propres fins ? Pour résoudre ce problème, nous verrons d’abord pourquoi la science a le pouvoir de changer la vision du monde tant en matérialité qu’en spiritualité. Puis, deuxièmement nous verrons aussi qu’elle a ses limites qui ne permettent pas d’observer qu’elle change véritablement le monde. Finalement, il faut remarquer que la science n’est qu’un moyen et que les changements qu’elle peut opérer sont ceux de l’homme et non d’elle-même.
I) La science a le pouvoir de changer la vision du monde
A. la science semble déjà avoir changé le monde.
A première vue, le progrès scientifique n’a-t-il pas déjà changé plusieurs fois les conditions tant matérielles que culturelles des hommes au cours de son histoire ? Le monde de chaque époque semble ne plus être celui qui le précède, en grande partie à cause de l’évolution de la recherche scientifique et des visions du monde qu’elle cultive en conséquence. D’abord, les recherches scientifiques en étant au cœur du progrès technique ne cessent de restructurer la matérialité des artifices de l’homme sur le monde. Toute infrastructure, système, entreprise change au rythme de l’évolution de leur moyen technologique. Mais encore, l’esprit du positivisme scientifique aura instauré plusieurs façons de voir le monde, face au progrès technique qui semble ne pas cesser de se développer dans tous les domaines. D’abord, l’homme pense être capable de tout contrôler comme s’il était le maître et possesseur de la nature, grâce à la science. Ensuite, la plupart des hommes dits modernes semblent ne plus penser qu’en termes de productivité et de pragmatisme. Tout être y compris l’homme, aux yeux de cet esprit, est pensé comme des moyens. Puis, l’étude comparative du développement scientifique dans les différentes régions du monde semble définir les marques de la supériorité d’une civilisation à une autre.
B. La connaissance des lois de la nature permet de manipuler le monde
Mais théoriquement parlant, comment la science serait-elle capable de changer le monde ? Il faut savoir que la science est d’abord la science des lois et grâce à la connaissance de celles-ci, on peut contrôler d’une manière considérable les phénomènes où elle s’applique. La science y arrive, car elle repose ses connaissances sur le déterminisme, soit l’idée que toute chose ait une cause qui lui est propre dans des conditions bien définies. L’esprit du déterminisme consiste à décrire l’enchaînement des causes et des effets, soit à articuler un fait à d’autres faits en montrant qu’ils sont liés par des rapports de causalité. Plus simplement, certains faits étant donné que d’autres s’ensuivront nécessairement. L’observation dans cet esprit permet ainsi de formuler des lois que le scientifique s’efforce d’organiser sous la forme d’une consistance universellement identifiable dans des théories. Le déterminisme permet à partir de là d’opérer avec une précision chirurgicale des modifications dans l’événement des phénomènes naturels. Grâce à lui, en sachant donc exactement comment les événements se déroulent, l’intelligence peut ruser la nature à être à son service.
La science semble donc déjà avoir changé plusieurs fois le monde dans sa matérialité et dans sa spiritualité. Théoriquement, le fait qu’elle a pour esprit de découvrir les lois de la nature permet d’imaginer qu’elle est capable de contrôler cette dernière. Toutefois, si la science observe des lois immuables, ce qu’elle produit n’est-il pas en toute rigueur soumis à celles-ci de sorte qu’il n’y ait pas véritablement de changement ?
II) La science ne peut fondamentalement changer le monde
A. la science a ses limites vis-à-vis de son rapport au monde.
Il faut premièrement mesurer la puissance de la science et remarquer qu’elle a notamment ses limites. D’abord, on remarquera que la science même si elle a permis de créer des artifices ne peut aller à l’encontre des lois fondamentales de la nature qui rendent ces artifices réalisables et fonctionnels. Ce que la science crée est soumis au déterminisme naturel de la thermodynamique, de l’électromagnétisme, de la mécanique, etc. La science suit les lois qu’elle croit attribuer à la nature, elle n’en crée pas. Puis, la science a ses exigences vis-à-vis de ce qu’elle observe et théorise. L’objet de la science est un fait où des critères particuliers peuvent s’appliquer à son observation expérimentale. Nous en citerons notamment trois : la reproductibilité soit le fait qu’il est possible de reproduire l’observation du phénomène dans les même conditions, la mesurabilité qui stipule que les mesures mathématiques peuvent être appliqué à la formulation d’une loi sur le phénomène, et enfin la réfutabilité expérimentale, c’est-à-dire le fait qu’on puisse réaliser une expérience qui peut invalider une théorie sur l’objet, qui se pose comme une démarcation entre la possibilité d’une véritable science que l’on peut tirer du phénomène et l’interprétation d’une pseudoscience. Les phénomènes produits par le rapport existentiel de l’homme au monde semblent ne pas pouvoir être appliqués à ces critères. Il s’agit notamment de ce qui a fondamentalement un caractère métaphysique comme le culte, l’art et la personnalité de l’individu. La science quand il parle d’objectivité ne touche qu’à ce qui est concrètement observable, et quantitatif.
B. Ce que l’on observe comme monde n’est qu’une représentation
Puis, remarquons aussi donc que ce que la science opère comme changement dans le monde n’est qu’une vision du monde et non le monde en lui-même. La science voit tous les phénomènes comme donnés à connaître et ces connaissances à produire un pouvoir sur eux. Or, qu’est-ce qu’on sait exactement du réel au-delà de nos différentes manières à le représenter tel le regard de l’art, du culte et de la science ? Malgré tous les progrès scientifiques et notamment sur ce qu’ils pensent saisir du monde, il est encore possible de postuler que l’entendement humain a ses cadres qui limitent l’idée même d’objectivité. Selon Kant, le réel nous est nécessairement donné dans le cadre a priori de l’espace et du temps. Une idée pertinente, puisque que les sens ne se déploient qu’à travers une dimension définie. On peut supposer à partir du constat qu’il y a des dimensions réduites comme la dimension euclidienne que notre perspective de l’espace soit autant réduite vis-à-vis d’une dimension plus « large ». Puis, il y a la question de notre temporalité, tout mouvement semble ne pas pouvoir échapper à l’impression d’un écoulement vertical ou horizontal. On ne peut en toute rigueur penser à l’Eternel soit ce qui n’a ni début ni fin. En fait ces cadres, à bien approfondir les choses, sont les conséquences de nos limites logiques. On ne peut pas même dans nos rêves les plus surréalistes dépasser le principe de l’identité et de la non-contradiction. La raison humaine ne peut voir que de la distinction entre l’identique et le différent. Elle ne peut imaginer une chose qui est à la fois lui-même et sa négation. Ce qui s’ensuit ne relève que du sens, le transexuel par exemple est propre à lui-même selon un concept défini, il est transexuel ou non transexuel. En fait, le vœu même de vouloir tout définir atteste l’impossibilité de ne pas être capable de ne pas identifier de l’être.
La science a donc ses limites tant vis-à-vis de ces critères que vis-à-vis de la logique au fondement même de l’entendement. Toutefois, le monde sous notre entendement est bel et bien, co-construit avec la science étant donné qu’il n’est plus naturel. Il reste ceci que si la science a le pouvoir de changer le monde alors qu’elle a ses limites vis-à-vis de son rapport au monde, l’homme étant l’acteur de ce dernier lui reste donc transcendant. Ce qui signifie par conséquent qu’il revient à l’homme de signifier ce pouvoir.
III) La science est un moyen dont l’usage dépend de l’homme
A. la science a le pouvoir de changer la matière et non l’homme.
Remarquons d’abord que la science n’est pas autonome, elle n’agit pas d’elle-même mais reste dépendante de la volonté de l’homme. Tout au plus, la perspective de son rapport au monde influence les hommes à se former des états d’esprit culturellement partagés, mais il s’agit d’un commentaire du regard humain qui conceptualise une vision idéologique et non un fait naturel. Comme le dit d’ailleurs si bien Marx, ce sont les idées qui mènent le monde. Les conditions matérielles sont signifiées par des directions idéologiques, elles n’ont pas en elles-mêmes leur propre force à changer le monde. Le mouvement historique des hommes est engagé par des convictions. A titre d’illustration que les conditions matérielles ne sont pas ultimement les facteurs du bonheur, elles sont certainement les conditions de base car pour être heureux, il faut d’abord dépasser le souci de ses besoins naturels. Toutefois, elles restent secondaires à la manière de l’homme de donner sens à son rapport d’existence au monde. L’imagination fait d’ailleurs qu’un enfant soit autant heureux en jouant avec de simples pierres qu’avec les jouets les plus technologiquement complexes.
B. La science ne peut changer l’homme, celui-ci en est donc le responsable conscient
Finalement, si l’homme a le pouvoir de s’influencer lui-même à travers des perspectives conceptuelles, il change donc le monde avec des valeurs et non avec de simples conditions matérielles. Aussi, il faut prévenir que la science en lui-même est donc neutre, car elle n’est qu’un moyen. La science n’est qu’un moyen de connaissance et de progrès technique. Si on prétend que la science a d’une certaine manière automatique, un pouvoir sur le monde en dehors de la volonté humaine, alors ce serait faire preuve d’une honteuse irresponsabilité. L’homme transcende ses moyens en leur donnant fin et valeur. Que doit donc voir l’homme à travers le pouvoir de la science ? Que faire de ses connaissances et comment les penser vis-à-vis d’autre rapport au monde comme l’art et le culte ? La technique où elle s’applique doit-elle être le moyen du salut de l’homme ou celui de sa damnation ? La réponse n’appartient plus à l’esprit scientifique, mais à l’esprit philosophique. Ceci étant, la conscience que la science est ultimement entre nos mains, est lourde d’une grande responsabilité vis-à-vis l’avenir du monde que l’homme peut concevoir.
En résumé, la science a effectivement un pouvoir sur la matière tant elle connaît ses lois, elle influence aussi une culture comme celle de la démarcation entre ce qui est moderne et ce qui ne l’est pas. Toutefois, il faut remarquer que ce pouvoir a ses limites. La science ne peut dépasser les lois qu’elle pense tirer du monde. Elle ne veut d’ailleurs pas s’intéresser aux phénomènes qui échappent à ses critères d’observation. Puis, comme la science est porteuse du regard de l’entendement de l’homme, on peut supposer que la réalité n’est pas réductible à ce dernier car ce regard a sa propre logique fondamentale de saisir le monde. Il s’ensuit que si le monde représenté à travers la science peut ne pas être la totalité du réel, et seulement un regard que l’homme en fait, alors ce dernier transcende la finalité de la science. L’enjeu est que si l’homme pense que c’est la science qui change le monde et non les fins qu’il donne à la science, alors l’homme peut, c’est la voie à l’irresponsabilité d’une sorte de destin inévitable. La transcendance de l’homme sur la science est pourtant lourde d’une responsabilité éthique, car la direction qu’on donne à la science est la condition de nos futurs.
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